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Dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), les habitants de plusieurs villages qui étaient en liesse au début du mois de Novembre pour célébrer la victoire des troupes gouvernementales sur les milices du M23 sont en train de vivre maintenant un cauchemar; et pour cause, ces mêmes libérateurs se sont mués en fauteurs de trouble, viols et pillages. Africa Faith and Justice Network, fidèle à ses idéaux de justice et de paix a pu recueillir des témoignages accablants de sources dignes de confiance. Et cela ne fait l’ombre d’aucun doute. L’essentiel des exactions se sont déroulées dans les villages de Nkokwe, Rutsiro, Ntamugenga, Jomba, Mutovu, Rutakara, où certain soldats de larmées gouvernementales ont pillé et violé les résidents sans autre forme de procès.
Les victimes, dans l’ensemble, sont dans la classe d’âge de 18 à 75 ans. Les villageois eux-mêmes ont pu identifier plusieurs femmes, victimes de ces viols mais certaines ont préféré garder l’anonymat par peur de représailles des soldats ou d’être stigmatisées par les populations. . . En plus des viols, certain soldats congolais ont systématiquement confisqué des téléphones portables, de l’argent et du bétail, obligeant les habitants à porter les biens pillés dans les différents postes de l’armée gouvernementale.
Il n’ya pas longtemps la victoire de l’armée congolaise faisait la une de la presse internationale, portée par l’euphorie des populations libérées du joug du M23 dans l’Est du Congo. Depuis le mois d’Avril 2012, les rebelles du M23 ont fait régner la terreur et toutes sortes d’exactions, de viols à grande échelle, de pillage et d’exécutions sommaires des populations. Des témoins affirment que des civils ont été emprisonnés dans des cellules souterraines. Dans certain milieu, le M23 avait également imposé une taxe hebdomadaire à chaque adulte.
La situation « post M23 » s’est tellement détériorée au point qu’un villageois a pu s’exprimer en ces termes : «Je préfère payer la taxe hebdomadaire au M23 que d’imaginer ma femme ou ma fille être violée par les troupes du gouvernement ».
Sous le même registre les résidents se sont plaint que les soldats du gouvernement congolais ont arbitrairement arrêté des locaux, exigé de l’argent parce qu’ils les soupçonnent de collaborer avec les rebelles du M23 malgré les mises en demeure faites par Julien Paluku, Gouverneur de la province du Nord-Kivu et la hiérarchie militaire, qui les appellent à ne pas exercer des représailles contre les populations locales parce que ces dernières l’ont fait pour éviter la brutalité du M23.
Parmi les responsables locaux qui ont fui les combats, certains hésitent à revenir ou à dénoncer les atrocités de l’armée congolaise de peur d’être considérés de pro-M23, un chef d’accusation passible de peine capitale ou d’emprisonnement sans jugement au préalable.
Il a été également porté à la connaissance d’ Africa Faith and Justice Network que la Mission des Nations Unies, une armée forte et bien équipée comportant 3.069 combattants de la brigade d’Intervention serait bien au courant des viols et pillage orchestrés par l’armée congolaise mais hésiterait de les dénoncer de peur d’éclipser l’image de l’armée congolaise récemment reconstituée.
Nous adressons un appel urgent au Président de la RDC, Joseph Kabila pour qu’il mette immédiatement fin à la campagne de terreur instrumentalisée par les forces de l’Armée congolaise, sanctionne les responsables et assurer que les victimes soient rapidement et adéquatement dédommagées.
Nous exhortons également la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC d’établir une base dans les collines entre Rumangabo et Jomba pour pouvoir faire des investigations et en même temps prévenir les violations des droits de l’ homme commises par l’armée congolaise.
Nous avons également appris de nos sources à Rubaré et les régions environnantes que l’armée congolaise a pu désarmer en mi-novembre le « commando chinois » (des soldats qui seraient probablement entrainés par l’armée chinoise). Ce commando serait à l’origine de beaucoup de violations de droit de l’homme : arrêts arbitraires, violence, vol de téléphones portables et argent créant une situation précaire et d’insécurité pour les populations.
Nous espérons que le «tribunal de paix ” récemment installé à Rutshuru pourra examiner ces exactions et bien d’autres cas d’injustice.
Par Jacques Bahati, Analyste politique, AFJN
Edité par, Tom Hannon,AFJN-IVC Médias & Relations Publiques
Traduite de l’Anglais par Barthelemy Bazemo M.Afr, Analyste Politique, AFJN